Dans un cas unique de mobilisation d’investisseurs généralistes, les actionnaires individuels du groupe Solocal, spécialiste de la publicité locale, se relevant du LBO mené par KKR sur l’activité registre téléphonique de France Télécom, vont éventuellement contraindre la direction de la société mais aussi le gouvernement français et l’AMF à agir et mieux protéger les actionnaires minoritaires.
Les actionnaires individuels des Pages Jaunes français
Quelque 602 actionnaires individuels du groupe Solocal (anciennement les Pages Jaunes) se sont regroupés pour faire face à une baisse expliquable du cours de l’action qui a atteint 3,50 euros fin février au fond d’une descente en enfer qui dure depuis des années. Cette évolution fait suite à l’acquisition par effet de levier de la filiale de France Télécom par des financiers regroupés autour du célèbre fonds américain KKR pour trois milliards d’euros. Proxinvest avait alors acheté en 2005 au prix de 18,82 € avant regroupement des actions, soit l’équivalent de 564 € par action qui se négociait à 3,60 € fin février 2016 !
Ces investisseurs garantis par la nature récurrente des activités des Pages Jaunes, pleines de mépris pour les petits investisseurs, avaient transféré à la société l’énorme dette qu’ils avaient contractée aux dépens de la société cotée minoritaire. Mais les ambitions malsaines confrontées plus tard aux difficultés de ce groupe à faire face à la concurrence d’Internet : finalement tous les actionnaires ont pris la perte résultant des mauvaises valeurs de gestion et des intérêts prédateurs soutenus par les banques. Ces techniques de LBO encouragées par certaines grandes banques font beaucoup de dégâts et n’ont jamais été sérieusement freinées par les régulateurs.
la société rebaptisée Solocal Group
Plus récemment, aidée par une position nationale forte, la société rebaptisée Solocal Group, a pu restaurer son modèle stratégique, conquérir sa place sur Internet en tant que grand acteur de la publicité locale : finalement en 2014 au prix d’une augmentation de capital au prix ajusté de 15 euros, la société a retrouvé un cash flow positif et est même devenue rentable. La maturité 2017 de la dette restante de 1,2 milliard d’euros n’était plus un problème, mais ce délai a probablement offert une tentation pour certains rapaces…
En fait, le mépris des actionnaires était à l’œuvre chez Solocal en 2014 où la mauvaise communication financière a fait chuter le cours de l’action en 2015.
Un premier groupe de 300 personnes, dirigé par Baudoin de Pimodan, ancien Chief Euris et CEO d’EEM, vient d’écrire une lettre au Conseil d’Administration du Groupe Solocal, à son Président Robert Metz et à son Directeur Général Jean Pierre Remy.
Proxinvest a également écrit au Président Robert de Metz pour remettre en cause la communication Solocal » la mention énigmatique de négociations sur la dette couplée à des résultats qui ont été lésés par un provisionnement du risque social qui semblait excessif, ont discrédité le titre et la direction de l’entreprise « .
Une fois de plus, l’AMF est contestée sur son traitement des déclarations trompeuses des sociétés et sur son laxisme général face à la dilution orgnanisée par les sharehodlers.
A moins que l’entreprise ne change d’attitude et ne défende mieux les actionnaires avec un engagement sérieux de ne pas ouvrir le capital sous la barre des 15 euros, il y aura beaucoup d’action à l’assemblée générale du groupe Solocal.